Biographie
Il y a plus de vingt ans, la chanteuse Chérifa a été l’une des rares artistes à avoir eu l’honneur de passer à l’écran de la télévision nationale algérienne. Entourée de femmes assises en forme de croissant de lune, le bendir entre les mains, sa douce voix a résonné comme un impérieux appel pour faire réunir toute la famille. µ
Native d’Akbou, en 1926, Ouardia Bouchemal de son vrai nom, est une chanteuse née, sa voix est taillée par la muse de la musique dès son plus jeune âge. N’ayant pas fréquenté l’école, orpheline de père, elle a grandi au milieu de ses oncles dans un dénuement sidérant. A ses heures, elle allait paître le troupeau familial et s’adonnait au chant à vive voix. Consciente du trésor que recèlent ses cordes vocales, très attachée au son du bendir et aussi harcelée par son entourage, elle quitte hâtivement sa région natale en se jetant corps et âme dans un train, direction Alger. En cours «de rails», elle improvise sa chanson phare : Bqa alla khir a y Akbou» (Adieu Akbou), une chanson qui fera date et lui attirera l’admiration de nombreux connaisseurs et, dans la foulée, elle fait son entrée à la Radio d’Alger. Les Américains arrivaient en masse. La guerre mondiale battait son plein. Pendant ce temps, elle chante avec acharnement, enregistre chanson sur chanson et son répertoire grossit jusqu’à plus de sept cent titres. Mise à l’index par le fisc, Chérifa se retrouve ruinée, sans le sou, ainsi elle se retrouve femme de ménage à l’entreprise nationale de télévision. Après l’oubli et une longue et amère traversée du désert, les lumières de la reconnaissance lui reviennent presque de plein droit. Les fêtes de mariages accordent une place de choix à sa voix de diva. Les scènes de la chanson se rouvrent de nouveau pour elle ; elle amorce alors un retour fracassant avec des succès indéniables. Avec sa chorale, elle a sillonné le pays et fait diffuser un patrimoine inestimable. A la radio, elle a aussi animé Nuba l xalat, jusqu’en 1997.
Sa voix est modulable, douce et chevrotante, ses chansons sont éclectiques ; entre achewiq et ahiha, cette grande dame de la chanson kabyle est si généreuse ; malgré les plagiats, elle reste magnanime ! Aussi, elle a initié beaucoup d’artistes à un genre gracieux : Urar, que les femmes prisent allègrement.
Elle a foulé l’Opéra à l’âge de 20 ans. A 70 ans, elle a retrouvé les planches de l’Olympia. Une carrière impressionnante ponctuée de nombreux succès que le public aime fredonner de nos jours encore. Et les DJ ne cessent de faire passer en boucle les perles de son riche répertoire qui perpétuent les fêtes familiales. Jusqu’à l’émulation. Justement, comme au temps de son enfance ou elle écoutait les Achewiq nel xalat.
Tous les utilisateurs de Last.fm peuvent modifier les descriptions d'artiste. Contribuez !
Tous les textes publiés sur cette page par des utilisateurs sont disponibles sous licence Creative Commons Attribution paternité partage à l’identique ; d’autres conditions peuvent s’appliquer.